CINÉMATHÈQUE TUNISIENNE : «ENFIN, LE RÊVE EST DEVENU RÉALITÉ»

Par Samira DAMI – La Presse de Tunisie – Ajouté le : 18-06-2017

La Cinémathèque tunisienne verra enfin «la lumière», puisqu’elle sera l’une des structures-phares de la Cité de la Culture qui ouvrira ses portes en mars 2018.

Hichem Ben Ammar, réalisateur, récemment nommé à la tête de cette Cinémathèque en tant que directeur artistique, a vécu, comme tous les cinéphiles, les péripéties de ce projet dont l’idée a germé dans la tête de la regrettée Sophie El Golli, romancière, critique d’art et cinéphile, vers la fin des années cinquante. Hichem Ben Ammar ne cache pas  sa satisfaction de voir, affirme-t-il : «Ce projet, initié en 1958 par Sophie El Golli, enfin concrétisé dans le cadre de la Cité de la Culture. D’autant que la Cinémathèque tunisienne est un projet attendu par des générations de cinéastes et de cinéphiles tunisiens et par des observateurs internationaux, comme la Fiaf (Fédération internationale des Archives du film). Ainsi, après soixante années d’atermoiements, Hichem Ben Ammar, épaulé par Mohamed Challouf, nommé conseiller technique à la Cinémathèque, œuvrent déjà à la matérialisation et à la mise sur pied du projet.

«Ce tandem solide» d’opérateurs culturels aguerris au terrain, et de réalisateurs engagés, fait d’eux les défenseurs inlassables de la cause du cinéma national».

Plus, «préserver la mémoire constitue, à leurs yeux, la pierre angulaire de la cinématographie tunisienne, c’est pourquoi leur défi consiste justement à rattraper un retard, à garantir la pérennité du projet en jetant des bases solides mais surtout, et c’est peut-être le plus difficile, à donner une âme à cette Cinématèque si attendue».

La feuille de route

Ainsi les préparatifs concernant «ce haut lieu dédié à la préservation et à la diffusion du patrimoine cinématographique obéiront, selon les responsables de ce projet qu’ils qualifient de «fédérateur et de réparateur», à une feuille de route. Il s’agit donc de commencer par le début, «en définissant les attributions, les missions et les tâches de cette structure dans des textes statutaires en harmonie avec les standards de la Fiaf».

Ensuite, de prévoir au plan pratique «la formation d’une équipe selon des profils précis, l’aménagement de locaux de projection et d’exposition au sein de la Cité de la Culture, l’aménagement de locaux de conservation au sein de la Bibliothèque nationale, ainsi que le début d’un inventaire des stocks existants, l’établissement d’un programme de numérisation et de restauration des films selon un ordre de priorité».

Enfin, côté échanges et coopérations, des conventions de partenariat seront signées avec la Bibliothèque nationale, le Cnci (Centre national du Cinéma et de l’Image), la télévision tunisienne, le département des arts audiovisuels du cinéma du ministère des Affaires culturelles, ainsi que le ministère de l’Éducation et les Archives nationales.
Quant aux échanges avec l’étranger, il est prévu une demande d’entrée dans le réseau de la Fiaf, outre la concrétisation et l’officialisation d’accords de coopération déjà entamée avec des cinémathèques importantes comme la Cinémathèque de Lisbonne et la Cinémathèque royale de Belgique.

Au final, côté éducation et diffusion, sont prévues l’annonce d’un programme de diffusion pour les saisons 2018-2019, la conception d’un site pour la mise en ligne des catalogues, des programmes et de certains films  et l’élaboration d’un programme d’éducation à l’image pour le jeune public orienté vers le ministère de l’Éducation et la société civile.

Tout un programme que nous espérons voir concrétisé de bout en bout tant ce projet dont les droits ont été déjà déposés en 1963, selon Sophie El Golli, tient à cœur à tous les passionnés du cinéma.

Mais l’enjeu est si important que la longue attente et la lutte menée par plusieurs parties entre professionnels, cinéphiles, critiques, journalistes et structures, dont notamment la Ftcc (Fédération tunisienne des ciné-clubs) en valaient la peine. Car les rôles et les missions de ce temple du cinéma sont des plus nobles, et consistent essentiellement à préserver, restaurer, diffuser et montrer les films au public et donner aux générations nouvelles un enseignement cinématographique.
Maintenant, puissions-nous voir les responsables de cette Cinémathèque, et notamment Hichem Ben Ammar qui s’est engagé depuis 1981 aux côtés de Sophie El Golli pour la création de la Cinémathèque, réaliser le vœu de Sophie El Golli, la «pionnière de la Cinémathèque» dans un geste d’hommage posthume, en récupérant des archives cinématographiques datant du début du siècle dernier, dont notamment «les films tunisiens de Samama Chickli, qu’elle avait achetés à sa femme, et dont elle avait les reçus». Ces films existent actuellement à la Cinémathèque française où ils ont été envoyés afin d’être restaurés, mais ils ne sont jamais revenus.

Sophie El Golli a révélé ces faits dans un entretien accordé à notre journal La Presse du 1° janvier 2000.

Récupérer ces archives cinématographiques perdues et ces films qui nous reviennent de droit est plus qu’impératif, c’est un devoir tant il s’agit d’un trésor patrimonial.

Auteur : S.D.

Ajouté le : 18-06-2017

Source : http://www.lapresse.tn/


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