LE FILM TUNISIEN «LES SECRETS» CHOQUE AU FESTIVAL DU FILM DU CAIRE

Amr Ahmad/AFP/Getty Images] Les actrices Salma Hayek (à gauche) et Hend Sabry en marge du 33ème Festival international du film du Caire.

www.maghrebia.com – 2009-11-17

«Dawaha» (Les Secrets), le dernier film de la réalisatrice tunisienne Raja Amari, a étonné le 33ème Festival international du Film du Caire avec une histoire d’amitié, de famille et de violence.

Un film tunisien relatant le combat d’une femme avec la sexualité et la liberté fait des vagues au 33ème Festival international du Film du Caire, qui a ouvert ses portes pour dix jours mardi 10 novembre. Ce Festival propose 150 films originaires de 67 pays.

«Dawaha» (Les Secrets), de la réalisatrice Raja Amari, a suscité la controverse parmi les festivaliers lors de sa première projection en soirée d’ouverture du Festival. Ce nouveau film relate les questions de la famille et de la violence et impose une nouvelle vision dans le cinéma arabe. Deux autres films tunisiens sont également projetés lors de ce Festival : «Thalathoun» du réalisateur Fadhel Jaziri, et «Safra ma Ahlaha» de Khaled Ghorbal.

«Ce film tente de montrer que le refoulement et l’oppression ne mènent qu’à la violence», a expliqué l’actrice Rima Banna à Maghrebia. Elle y tient le rôle de Salma, une jeune fille rebelle qui se lie d’amitié avec une femme handicapée mentale.

«[Ce film] aborde l’état de perplexité et d’aliénation dans lequel vivent les femmes, une chose qui pousse certaines d’entre elles à recourir à la violence, tuer étant la manière ultime de l’expression», explique-t-elle. «Mais je ne crois pas réellement que ce soit la véritable solution. Je ne suis pas partisane de la violence ; j’ai essayé tout au long du film de faire prévaloir la logique du dialogue».

Dans «Dawaha», la jeune femme handicapée mentale, Aïcha, est née d’une mère célibataire en Tunisie. Le film raconte comment sa relation avec sa mère et sa grand-mère change après qu’elle se fut rapprochée de Salma, une étudiante à l’esprit libéral. Les deux parentes d’Aïcha émettent des réserves sur la présence de cette jeune fille dans leur vie, et tentent de se cacher encore plus du monde extérieur dans leur enclave noire, dans un palais déserté. Les tensions s’exacerbent entre les trois personnages tout au long du film, et culminent lorsque Aïcha, par frustration, tue brutalement sa mère et sa grand-mère.

«Je pense que les évènements relatés dans ce film pourraient se produire dans n’importe quel pays arabe», a déclaré Wassila Dari, qui joue le personnage de la mère. «Ce film souhaite seulement révéler ce qui est caché et poser les questions qui sont taboues dans les pays arabes».

Le réalisateur égyptien Issam Nahhas félicite ce film pour le portrait très poignant qu’il dresse d’un traumatisme émotionnel. «Bien que les évènements du film ne se déroulent que dans un seul endroit, je ne me suis pas ennuyé à un seul moment», explique-t-il. «Ce film est audacieux, en termes de réalisation et de jeu. Toutes les actrices jouent exceptionnellement bien ; c’est un travail superbe».

Le public du Festival a fait part de son admiration pour le message porté par ce film, si ce n’est pour la manière dont Aïcha exprime en fin de compte sa colère.

«[Le film a l’audace] dont nos pays arabes ont besoin, où de nombreuses femmes estiment qu’elles vivent dans une grande prison qui empêche certaines d’entre elles de même sortir dans la rue et les poussent à se considérer seulement comme des corps et rien d’autre», explique May Adli, une Égyptienne amatrice de film. «Cela crée de nombreux complexes chez les femmes, dont les plus importants sont peut-être les complexes sexuels».

«L’acte de violence commis par Aïcha est une chose à laquelle de nombreuses femmes pensent en leur for intérieur, sans pour autant que je le soutienne. J’en appelle aux femmes pour qu’elles brisent le silence avec l’aide d’hommes ouverts qui reconnaissent l’égalité des sexes», explique Adli.

Mais tous les membres du public n’ont pas apprécié le film. Tarek Abou Khir, un étudiant égyptien, a été visiblement gêné par le traitement très cru de sujets délicats.

«Ce film viole tous les tabous, et cela n’est pas acceptable dans un pays qui respecte ses traditions et ses coutumes», a-t-il déclaré à Maghrebia. «De plus, je ne vois aucune raison aux scènes de nudité. Je pense que le message que le film véhicule est confus et ne défend pas nos valeurs arabes et islamiques».

«Dawaha» avait été nominé l’an dernier lors de la prestigieuse Mostra de Venise.

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Source : http://www.magharebia.com/


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