LE CINÉMA AU SERVICE DE L’HISTOIRE DES MIGRATIONS ENTRE LA TUNISIE ET L’ITALIE

Par Mouldi FEHRI – Paris, le : 10.05.2021

Comme beaucoup d’autres artistes, le cinéaste tunisien Mohamed Challouf essaye d’utiliser les plateformes qu’offrent les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour contourner le long confinement généré par la pandémie du Covid-19 et qui bloque pratiquement toutes les activités culturelles habituelles.

Avec son association «Ciné-Sud Patrimoine» et l’appui de l’ambassade de Tunisie en Italie, il lance une manifestation originale sur le thème «Cinéma et Migrations» qui aura lieu du 15 au 22 mai 2021, en direct sur le site : www.cinemaaumusee.org (en libre accès).

Cette manifestation dont vous trouverez ci-après la présentation détaillée et surtout le programme, se donne comme objectif de proposer au public une rétrospective cinématographique appelée «De la Casbah de Mazara del Vallo à la Petite Sicile de La Goulette» et consacrée à l’histoire des migrations entre l’Italie et la Tunisie.

M.F


«De la Casbah de Mazara del Vallo à la Petite Sicile de La Goulette» : la longue histoire des échanges entre l’Italie et la Tunisie

Du 15 au 22 mai 2021

L’association «Ciné-Sud Patrimoine», en collaboration avec l’ambassade de Tunisie en Italie, présente la rétrospective cinématographique en ligne «De la Casbah de Mazara del Vallo à la Petite Sicile de La Goulette» consacrée à l’histoire des migrations entre l’Italie et la Tunisie.

Le rendez-vous, qui se tiendra du 15 au 22 mai 2021, sera hébergé sur le site www.cinemaaumusee.org (en libre accès), et proposera au public 12 films, des longs et courts-métrages, des documentaires et des films de  fiction, réalisés par des cinéastes qui, au cours des trente dernières années, ont raconté l’importance et l’intensité de cet échange entre les deux pays des deux rives de la Méditerranée. Plus d’un siècle d’histoire de la migration Nord-Sud, Sud-Nord, depuis l’arrivée des premiers Siciliens et Livournais  émigrés en Tunisie, jusqu’à nos jours.

Nous devons  cette initiative au cinéaste et producteur  Mohamed Challouf, l’un des fondateurs de l’association «Ciné-Sud Patrimoine».

À travers cette programmation, explique-t-il, «nous avons voulu mettre à la disposition du public ce précieux patrimoine audiovisuel créé  grâce au travail de réalisateurs tunisiens et italiens tels que Mahmoud Ben Mahmoud, Giovanna Taviani, Stefano Savona, Olfa Chakroun, Marcello Bivona, Tarek Ben Abdallah, Ernesto Pagano, Enrico Montalbano et Gianfranco Pannone qui, chacun et chacune avec sa propre  sensibilité, ont raconté différentes histoires de migrations  en exhumant  des archives oubliées et en faisant appel à des témoignages de première main».

«Cet événement – comme le souligne l’ambassadeur de Tunisie en Italie, Moez Sinaouinous invite à regarder le phénomène de la migration entre nos deux pays dans toutes ses dimensions : historique, sociale et culturelle en nous permettant aussi de le connaître en profondeur et de comprendre son importance et son impact sur notre présent».

L’inauguration de cette manifestation le samedi 15 mai à 21h00 sera assurée par une performance musicale à partir de la ville de Naples du duo italo-tunisien Salvatore Morra (Oud ou luth arabe) et Marzouk Mejri (voix et percussions) en direct sur le site (www.cinemaaumusee.org). Elle sera suivie par la projection du documentaire-portrait  «Claudia Cardinale, la plus belle Italienne de Tunis» de Mohamed Ben Mahmoud (1994) et d’un film surprise: un très court-métrage de 1906, un rare  témoignage de la présence italienne en Tunisie de l’époque.

Le jeudi 20 mai à 16h00 (toujours en direct sur www.cinemaaumusee.org), se tiendra une table ronde intitulée «Le rôle du cinéma dans la sauvegarde de la mémoire italo-tunisienne», à laquelle participeront tous les réalisateurs des films proposés dans cette rétrospective.

Pour clôturer cet événement, samedi 22 mai à 21h00, nous proposons  la rencontre virtuelle (www.cinemaaumusee.org) intitulée «De la Petite Sicile de La Goulette à la Casbah de Mazara del Vallo», à laquelle participeront le professeur Abdelkarim Hannachi et le chercheur Jamel Louini, qui retraceront l’histoire de deux quartiers emblématiques de la présence italienne en Tunisie (la Petite Sicile à La Goulette) et celui tunisien en Italie (la Casbah de Mazara del Vallo). Cette séance de clôture sera introduite et animée par le professeur Gabriele Montalbano, enseignant au département histoire, culture et civilisation de l’Université de Bologne.

Les projections seront en version originale sous-titrée (italien / français).


LE PROGRAMME

SAMEDI 15 MAI : 21:00 – 21:30

Séance d’inauguration 

Mini-concert du Duo Salvatore Morra (oud) et Marzouk Mejri (chant et percussions).

21:30 : Film court-métrage «surprise»  (Tunisie, 1906).

À suivre, projection du film portrait «Claudia Cardinale, la plus belle Italienne de Tunis», de Mahmoud Ben Mahmoud (1994).

Les films

Italiens de l’autre rive (Italiani dell’altra riva), de Mohamed Challouf, Mahmoud Ben Mahmoud et Hichem Ben Ammar, Caravanes Productions. (documentaire, Tunisie, 1989,  60’), v.o. italien sous-titré en français.

  • Les témoignages des derniers représentants de la communauté italienne en Tunisie, les souvenirs d’une vie vécue dans un pays qui, depuis près de deux siècles, a accueilli des milliers de leurs compatriotes. À travers leurs mémoires, le documentaire révèle l’histoire méconnue de cette communauté, pour la plupart originaire de Sicile qui, depuis le XIXème siècle, a contribué à la construction de la Tunisie contemporaine.

Claudia Cardinale – La plus belle Italienne de Tunis, de Mahmoud Ben Mahmoud, Caravanes Productions (documentaire, Tunisie, 1994, 26’), v.o. italien sous-titré en français

  • «Sicilienne de Tunisie depuis trois générations», comme elle aime à le répéter, Claudia Cardinale avait à peine 17 ans lorsqu’elle remporte le titre de  «La plus belle Italienne de Tunis», distinction qui devait lui ouvrir la voie pour une carrière de star internationale du septième Art. Dans ce documentaire, Claudia et ses parents, Franco et Yolanda, évoque avec émotion et nostalgie ces années, sa jeunesse passée entre Tunis et Carthage et le lien entretenu avec son pays natal, la Tunisie.

Poussière de diamant (Chichkhan – Gioiello di Famiglia), de Mahmoud Ben Mahmoud et Fadhel Jaaibi, Touza Productions (fiction, Tunisie, France, 1991, 95’), v.o.arabe et italien sous-titré en français

  • Agressé un soir par un inconnu, un vieil aristocrate, Si Abbès, est secouru par une jeune femme, Kinza, qui le raccompagne chez lui. Pour la remercier, l’homme lui offre un bracelet serti de petits diamants, bijou de famille convoité par des voisins siciliens. Depuis ce jour, Si Abbès rêve d’une liaison avec la jeune femme, qui pourrait pourtant être sa fille. À travers cette histoire, les auteurs mettent quelque peu à l’index la société tunisienne qui crut, à l’Indépendance, pouvoir se passer de ses minorités.

Retour à Tunis (Ritorno a Tunisi), de Marcello Bivona, Production COE (documentaire, Italie, Tunisie, 1997, 72’), v.o. italien sous-titré en français

  • Au début des années 1900, la communauté italienne de Tunisie avait mis en œuvre une expérience extraordinaire de coexistence ethnique, culturelle et religieuse, dont aujourd’hui toute trace a été perdue. Marcello Bivona retrouve ses souvenirs d’enfance, remontant à 1959, lorsqu’il a été contraint de quitter un pays qu’il considérait désormais comme le sien.

La Maison d’Angela (La Casa di Angela), de Olfa Chakroun, Propaganda Productions (documentaire, Tunisie, 2012, 26’), v.o. français sous-titré en anglais.

  • À 75 ans la vie d’Angela change : elle va quitter définitivement la maison de son enfance à La Goulette. Déchirure… souvenirs intenses et bigarrés du vieux quartier où elle a vécu et qui lentement disparait.

Une Frontière en miroirs (Un Confine di specchi), de Stefano Savona, Production TELE+ (documentaire, Italie, Tunisie, 2002, 57’), v.o. italien sous-titré en français

  • Les émigrés siciliens en Tunisie et les émigrés tunisiens en Sicile, des échanges et des flux qui ont généré quelques-unes des histoires les plus intéressantes à raconter, là où l’intégration et la haine font partie d’un seul univers, où la frontière entre le monde islamique et le monde occidental est à la fois évanescente et insurmontable.

Retour au bled (Ritorni), de Giovanna Taviani, Production Cloud 9 film (documentaire, Italie, France, 2006, 52’), v.o. italien, français et arabe sous-titré en français.

  • Chaque année, pendant l’été, des centaines de Maghrébins retournent dans leur pays d’origine pour passer les vacances avec leurs parents. Parmi eux, Karim Hannachi, Tunisien, professeur de langue arabe en Sicile, Italie; Tahar Ben Jelloun, originaire de Fès, au Maroc, célèbre écrivain francophone vivant à Paris et Assia Djebar, Algérienne, membre de l’Académie française de Paris. Trois rapports différents avec les origines.

Kelibia / Mazara, de Tarek Ben Abdallah et Gianfranco Pannone, Production  L’Altritalia ambiente (court-métrage, fiction Italie, Tunisie, 1998, 12’), v.o. arabe sous-titré en italien

  • Un mécanicien de bateau de pêche qui a émigré de Tunisie à Mazara del Vallo doit rentrer chez lui, à Kelibia, au Cap Bon. Il fera le même travail qu’il a toujours fait en Italie, mais dans des conditions bien plus défavorables, malgré le fait que l’employeur soit le même. La différence n’est pas dans la peau, mais dans le travail rémunéré.

Si proches , si lointains (Così vicini, così lontani), de Tarek Ben Abdallah et Gianfranco Pannone, Production Régione Sicilia (court-métrage, doc, Italie, 1999, 27’), v.o. italien.

  • La communauté tunisienne de Mazara del Vallo, dans la province de Trapani, racontée par ses jeunes, en équilibre entre la volonté de s’intégrer et le lien avec leurs origines.

La Vie de Marzouk (Vita di Marzouk), de Ernesto Pagano, Production Dublin Film (documentaire, Italie, 2017, 61’), v.o. italien et arabe sous-titré en français

  • Un musicien tunisien en crise avec sa femme italienne. Un voyage au «bilad», au pays d’origine, pour la première fois avec les enfants, à la recherche désordonnée de leur maison et de leur identité. «La Vie de Marzouk» est le portrait intime d’une tentative d’intégration qui trouvera la seule réponse possible dans l’amour.

Kif Kif – Siciliani di Tunisia (Kif Kif – Siciliens de Tunisie), de Enrico Montalbano et Laura Verduci, Auto-Production (documentaire, Italie, 2012, 9’22), v.o. italien sous-titré en anglais

  • Une histoire, deux récits, sur la mémoire des immigrés siciliens en Tunisie près des années de l’Unification de l’Italie. Le regard historique/politique de Fausto Giudice et l’approche onirique et illustrative de l’œuvre de Marinette Pendola tracent les traits d’une migration souvent oubliée, mais qui renvoie à notre contemporanéité.

Marinette retourne chez elle (Marinette torna a casa), de Enrico Montalbano, Auto-Production(documentaire, Italie, Tunisie, 2014, 12’55), v.o. italien et arabe

  • Marinette Pendola est une écrivaine d’origine sicilienne née en Tunisie. Son arrière-grand-père est parti avec toute la famille de Sciacca, une ville de la province d’Agrigente. Comme un véritable «carnet de voyage», à travers le témoignages de Marinette et de son mari, Edoardo Migliore (lui aussi d’origine sicilienne, né en Tunisie), ce documentaire retrace les lieux de son enfance, découvrant une histoire extraordinaire de l’émigration italienne en Tunisie.

L’association Ciné-Sud Patrimoine :

Fondée en 2018 par Mohamed Challouf (réalisateur et producteur), Kahena Attia (chef monteuse), Faiza Daldoul (artiste plasticienne) et Sahbi Kraiem (producteur), l’association Ciné-Sud Patrimoine a pour objectif principal de contribuer à la recherche, à la restauration et à la promotion du patrimoine cinématographique panafricain et panarabe.

Elle œuvre également pour sensibiliser les autorités nationales et locales, la société civile et, en particulier, les nouvelles générations sur l’urgence et l’importance de la préservation du patrimoine audiovisuel tant en Tunisie qu’en Afrique et dans le monde arabe.

Les musiciens :

Salvatore Morra

  • Salvatore Morra est musicien et ethno-musicologue. Après des études d’arabe à l’Université « L’Orientale » de Naples (2010) et d’ethno-musicologie à l’Université de Cambridge (2013), il a poursuivi sa formation au Royal Holloway university of London (2019) en obtenant un doctorat de recherche spécialisé sur le « oud » (luth) tunisien. Il est également responsable musical de l’ISMEO (Association internationale d’études sur la Méditerranée et sur l’Orient) de Rome, maître de conférences à l’Université de Tuscia à Viterbe, et membre des groupes d’étude de l’ICTM : Mediterranean Music Studies e Music in the Arab World.

Marzouk Mejri

  • Marzouk Mejri est un compositeur et musicien tunisien, pluri-instrumentiste. Il est considéré comme l’un des percussionnistes les plus importants d’Italie. Il est né à Tebourba en Tunisie, dans une famille d’artistes. Son père était un célèbre joueur de darbouka et de caisse claire. Marzouk vit depuis 18 ans à Naples, où il a collaboré avec des musiciens de renommée, dont Daniele Sepe, James Senese, Eduardo De Crescenzo, 99 Posse, Peppe Barra et bien d’autres.

Il y a quelques années, avec le Californien Charles Ferris et le Dj Marco Dalmasso, alias Ghiaccioli e Branzini, il a créé le groupe «Fanfara Station»


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