LES TUNISIENNES ET LE CINÉMA, UNE LOUABLE INITIATIVE

Par Sayda Ben ZINEB – Publié dans Le Temps, le 25 – 11 – 2020

Un important débat autour du thème, «Les Tunisiennes et le cinéma» vient d’être organisé en ligne par l’Institut Goethe à Tunis, modéré par Lilia Blaise (journaliste multimédia), avec la participation de Kahéna Attia (monteuse), Amal Attia (ingénieure du son), et Rim Nakhli (réalisatrice).
À vrai dire, la programmation régulière «Filmklub», lancée par l’Institut Goethe depuis septembre 2020, s’engage dans le cadre de cette thématique «Les Tunisiennes et le cinéma», à proposer un débat autour de la place qu’occupent les femmes dans la scène cinématographique tunisienne. De pertinentes questions ont été posées et débattues en présence des invitées qui présentent toutes, sans exception, des expériences uniques et remarquables dans le domaine cinématographique tunisien.

Les débats ont porté autour des thèmes suivants : quel est le rôle des femmes dans le cinéma tunisien ? Quelles sont les mesures d’intégration des femmes dans le domaine cinématographique ? Y-a-t-il des métiers qui sont plus accessibles pour les femmes que d’autres ? Où en est-on de la réalité sociale et économique des femmes œuvrant dans ce domaine ? Enfin, y a-t-il des difficultés dans la formation dans le domaine de l’audiovisuel pour les femmes ?

Lutte contre la discrimination

Dix ans après la Révolution, la société tunisienne poursuit encore et toujours ses luttes contre certaines discriminations, notamment celles exercées contre les femmes. Dans le secteur du 7° Art, les femmes occupent de plus en plus différents rôles, mais certains leur restent moins accessibles que d’autres, ce qui laisse à méditer.

Dès les années 1970, note-t-on, les cinéastes tunisiennes s’étaient déjà initiées au monde documentaire, mais il a fallu attendre des pointures comme Salma Baccar «Fatma 75» et Kalthoum Bornaz «Trois personnages en quête d’un théâtre», pour que le virage vers la fiction soit enfin adopté…

Profils et parcours

Kahéna Attia, monteuse

Débutant sa carrière à la télévision tunisienne lors de sa création, Kahéna Attia travaille de 1971 à 1976 comme monteuse, puis chef-monteuse à l’ORTF-SFP, sur plusieurs courts, moyens et longs-métrages. Elle assurera le montage de quelques-uns des films les plus importants du cinéma arabe, mais aussi des longs-métrages du Mali, de Côte d’Ivoire, d’Albanie, de Belgique, de Suisse, du Canada…

«Le Voyage de Selim» de Regina Martial en 1978 marque le début de sa collaboration pour le cinéma dans la fonction de chef-monteuse. Suivront entre autres, «L’Empire des rêves» de Jean-Pierre Lledo en 1981, «La Mémoire tatouée» de Ridha Behi en 1986, «Les Sabots en or» de Nouri Bouzid en 1989, «Le Collier perdu de la colombe» de Nacer Khémir en 1991, «À la recherche du mari de ma femme» de Mohamed Abderrahman Tazi en 1993, «Quand les hommes pleurent» de Yasmine Kassari en 1999.

La deuxième invitée au débat, Amal Attia, ingénieure du son depuis 2013. Elle collabore sur différentes productions cinématographiques et télévisuelles (prise de son, postproduction et sound design). Puis intègre l’équipe d’Ulysson Production pendant 2 ans, et évolue sous la direction de l’ingénieur du son mythique, Faouzi Thabet.

Ses intérêts croisés pour le cinéma et la musique l’ont amenée à s’expérimenter dans différents genres de projets, du documentaire au fantastique. Amal s’est essayée à tout, passant par «La Musique est rebelle», Propaganda Production, «Olfa», Ciné TéléFilm, «La 3ème caméra», Rives Production, «True story», Ulysson…

Rim Nahkli, réalisatrice

Enfin, la troisième et dernière invitée de Lilia Blaise était Rim Nakhli, qui a signé en 2011 son film de fin d’études intitulé «La Luna», (1er prix du Festival du Cinéma Amateur de Kélibia FIFAK, et Prix de la Critique ATPCC). La jeune cinéaste a poursuivi ses études en Italie où elle a obtenu son master en cinéma, télévision et production multimédia à l’Université de Bologne (DAMS). Son mémoire de recherche porte sur la relation entre la bande dessinée et le cinéma. Et depuis, son chemin est parsemé de succès. Elle réalise, en 2017, son premier court-métrage, intitulé «Ranim», qui a été sélectionné dans plusieurs festivals internationaux.

Son deuxième court-métrage «Nour, une journée presque ensoleillée» a été sélectionné, en 2020, dans la compétition «Pardi di domani» au Festival du Film de Locarno, au AFI Fest Film Festival à Los Angeles, au Medfilm Festival à Rome, ainsi qu’au «Passaggi d’Autore: intrecci mediterranei» à Sant’Antioco en Sardaigne. Et le meilleur est à venir.

Lilia Blaise, qui n’est plus à présenter, est journaliste multimédia et correspondante pour la chaîne France 24 en français, et le journal Le Monde, ainsi que pour le site Mediapart. Après avoir couvert la période post-révolution pour différents médias tunisiens et français, elle s’est installée définitivement en Tunisie en 2016 en tant que correspondante freelance.
En 2014, elle a participé à la coréalisation du documentaire «7 vies» qui aborde le problème de la nostalgie de la dictature.

En attendant d’autres débats portant sur d’autres questions, on ne peut que saluer cette louable initiative.

S.B.Z

Source : Le Temps de Tunisie


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