AU PAYS DE L’ONCLE SALEM, DE SLIM BELHIBA : CES PETITS FILMS QUI NOUS HONORENT !

Par Asma DRISSI – La Presse de Tunisie – Publié le 07/12/2020.

«Au pays de l’oncle Salem» est une histoire simple, pas du tout compliquée, travaillée avec minutie et soin. Le style est précis, le découpage est net et les plans accueillent subtilement ses protagonistes.

Même si les courts-métrages n’arrivent pas à avoir leur part du marché et ne sont visibles que dans les cadres limités des festivals et autres rencontres purement cinéphiliques, la production tunisienne en courts-métrages trouve sa place dans un large panel de festivals internationaux et fait briller notre cinématographie au-delà des frontières.

«Au pays de l’oncle Salem» fait partie de ces films qui font notre fierté. En cette année 2020, ce film, d’une quinzaine de minutes, s’est vu sélectionné dans plus d’un festival international : Vues d’Afrique à Montréal, Toronto arab film Festival, The international Alexandria short en Grèce, DEA Film Festival en Albanie, Africa film festival en Belgique et le Festival international du cinéma d’auteur de Rabat où il a décroché le Prix du Public en plus des Rencontres du Film Court de Madagascar. Et, tout récemment, au Festival international du court-métrage «Scrittura e Immagine» en Italie, où il a été consacré par le Premier prix.

«Au  pays de l’oncle Salem» est une histoire simple, pas du tout compliquée, travaillée avec minutie et soin. Le style est précis, le découpage est net et les plans accueillent subtilement ses protagonistes.

Slim Belhiba a placé son histoire dans un cadre temporel précis et dans un espace délimité. Nous sommes en Tunisie, en septembre 2013. Une quinzaine de jours avant la rentrée scolaire. L’oncle Salem, concierge d’une petite école de campagne, entame des travaux d’entretien rudimentaires. Soucieux de l’état du drapeau, il décide d’aller en chercher un nouveau. Oncle Salem se déplace vers la ville, où les réverbérations d’une révolution trahie courent les esprits et les rues.

Telle une série de tableaux qui s’imbriquent et se complètent, le cinéaste filme dans la retenue. L’implication de son personnage principal dans l’entretien de l’école avec les moyens rudimentaires est mise en valeur dans les détails qui font la différence. Ces gouttelettes de peinture blanche, qui tachent le visage et la blouse de l’oncle Salem, donnent au personnage une dimension plastique. Devant nos yeux, il se dessine comme un héros, celui qui ouvre l’espace et ramène de l’humain.

L’école a besoin d’un nouveau drapeau à la place de l’ancien, effiloché et délavé.

C’est l’élément dramatique qui va mener l’oncle Salem à la ville pour faire cette  acquisition.

Dans les quelques plans et séquences qui construisent le film, Slim Belhiba raconte le pays, le désenchantement d’une révolution, le statu quo, l’injustice et la violence. Fixant un drapeau encore une fois effiloché, les regards  des enfants dessinent un tableau d’un pays en perte de rêve et qui s’accroche aux valeurs, dans l’illusion d’un lendemain meilleur.

Pour ce premier film, Slim Belhiba annonce le ton, et fait la promesse d’un cinéma engagé, impliqué et appliqué. Sa poésie réside dans le détail, et son rythme posé laisse le temps à la réflexion.

«Au pays de l’oncle Salem» continuera à voyager, il sera bientôt au Mashariki African Film Festival (Maaf)/ Rwanda et au Bahrain Film Festival (BFF). Bon vent !

Source : https://lapresse.tn


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