ZEINEB N’AIME PAS LA NEIGE, SUR NOS ÉCRANS : SIX ANS DE LA VIE D’UNE ENFANT

Par Hatem Bourial – Le temps – Mercredi 21 Décembre 2016

Le film de Kaouther Ben Henia étrenne son Tanit d’or en allant à la rencontre du public dans plusieurs villes. Une œuvre à découvrir pour son dispositif astucieux et sa forte charge émotionnelle. Avec les tribulations de Zeineb, c’est un film sur la confrontation au monde et à l’altérité que nous découvrons, c’est un conte philosophique aux contours post-modernes et aux images captivantes que nous partageons…

Le film «Zeineb n’aime pas la neige» de Kaouther Ben Henia fera sa sortie commerciale cette semaine dans plusieurs salles. Très attendu par le public, ce film a fait sensation lors des JCC 2016 en obtenant le Tanit d’Or, à la surprise générale.

Une nouvelle pointure dans le cinéma tunisien

Et pourtant, Kaouther Ben Henia avait fait beaucoup parler d’elle, et en bien, avec ses œuvres précédentes. En effet, cette jeune réalisatrice issue des rangs de la Fémis s’était distinguée avec un premier long-métrage, «Le Challat de Tunis». Le film avait participé à l’une des sections du festival de Cannes 2014, puis trouvé son chemin sur les écrans d’une quinzaine de pays.

Par ailleurs, la filmographie de Ben Henia comprend aussi deux œuvres qui ont connu un accueil enthousiaste. Ainsi le court-métrage «Peau de colle» a été sélectionné dans plusieurs festivals en remportant plusieurs prix, alors que le documentaire «Les Imams vont à l’école» a été bien accueilli aussi bien à Dubai qu’à Vancouver.

Quoi de plus logique que de poursuivre sur cette dynamique du succès ? En effet, même s’il est venu un peu tôt dans sa carrière, ce Tanit d’Or devrait donner des ailes à Kaouther Ben Henia. D’ailleurs «Zeineb n’aime pas la neige» figure dans les sélections officielles de grands festivals comme Namur, Locarno ou Dubai, et devrait en toute logique remporter de nouvelles distinctions. En ce sens, cette œuvre a obtenu, outre le Tanit carthaginois, le prix du meilleur documentaire à Montpellier pour le Festival du Cinéma méditerranéen. C’est dire si Kaouther Ben Henia est appelée à se distinguer dans un avenir proche !

Sur les traces d’une fillette qui grandit…

Revenons à notre Tanit. Il s’agit donc d’un documentaire, et le fait est suffisamment rare pour être souligné. Dans ce film de 94 minutes, la réalisatrice suit les pérégrinations de Zeineb, une fillette de neuf ans qui a perdu son père dans un accident de voiture. Après une période de deuil, sa mère décide de partir pour le Canada afin d’y refaire sa vie. Le film suivra alors la petite famille dans un pays où Zeineb va découvrir la neige pour la première fois.

Avouant ne pas aimer cette neige, Zeineb va pourtant devoir s’adapter. Aux côtés de son petit frère, elle va changer de vie et apprendre. Le film suit Zeineb pendant six ans de sa vie et restitue les émotions de la fillette qui grandit. C’est le récit de la mutation que vit cette fillette dont il s’agit dans ce film émouvant. Regard candide et premiers émois structurent le monde de Zeineb, cet éveil à la vie d’une enfant que rien ne prédestinait à quitter son cocon tunisois.

Oeuvre d’une grande tendresse, «Zeineb n’aime pas la neige» se laisse voir, convainc et nous emporte dans ses replis intimes et doux-amers. Un film pleinement moderne qui mérite amplement ses distinctions, mais restera probablement hermétique pour le grand public. À voir en se laissant prendre par ce récit d’une Alice confrontée au monde et à l’altérité…

Hatem Bourial

Source : http://www.letemps.com.tn/


 

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