FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM FRANCOPHONE… KAOUTHER BEN HANIA, RÉALISATRICE DE «ZAINEB N’AIME PAS LA NEIGE»

«Pour moi, Zaineb représente un âge où la personnalité se construit ; c’est une initiation à la vie…»

Propos recueillis par : Sayda Ben Zineb – Le Temps – Mardi 25 octobre 2016

Nous avons croisé à Namur dans le cadre du Festival International du Film Francophone, Kaouther Ben Hania qui y a présenté «Zaineb n’aime pas la neige», son second long-métrage, sélectionné également au festival international du film de Locarno en Suisse.

Fille de Sidi Bouzid, installée actuellement à Paris, Kaouther Ben Hania a fait ses études en cinéma à Tunis, (EDAC), et à Paris, (la FEMIS et la Sorbonne). Elle a réalisé des courts-métrages dont «Moi, ma sœur et la chose», sélectionné au FIFF (2007). En 2010, elle signe le documentaire «Les Imams vont à l’école», sélectionné à Amsterdam. «Le Challat de Tunis», son premier long-métrage ouvre l’ACID du Festival de Cannes (2014), et connait un succès international avec une distribution dans plus de 15 pays. Il remporte notamment le Bayard du meilleur premier film à Namur en 2014.

Même si cette fois «Zaineb n’aime pas la neige» n’a pas été primé au FIFF, il ne faut pas oublier que l’œuvre de Kaouther Ben Hania a reçu un accueil favorable du public, (dont des Canadiens présents dans la salle), lors de la soirée de projection, suivie d’un débat, au Caméo. Une carrière internationale qui s’annonce fort prometteuse pour une jeune réalisatrice tunisienne que nous avons eu le plaisir de rencontrer pour la première fois, hors nos murs. Entretien. 

Le Temps : vous avez participé avec «Zaineb n’aime pas la neige», après «Le Challat de Tunis», Bayard d’or de la première œuvre au FIFF 2014. Du film de fiction, vous passez au documentaire. Préfériez-vous un genre plutôt qu’un autre ?

  • Kaouther Ben Hania : J’ai commencé tout d’abord avec un documentaire de 75 minutes, «Les Imams vont à l’école» en 2010, qui rencontre un succès auprès des festivals. À la base, j’aime le documentaire mais aussi la fiction, et «Le Challat de Tunis» a été mon premier long-métrage.
    Il se trouve que «Zaineb…», a été tourné sur une période allant de 2009 à 2015, et en parallèle durant ces six années, j’ai pu réaliser un premier long-métrage et quelques autres courts-métrages, dont «Peau de colle». De même, je travaille depuis le printemps dernier, sur un deuxième long-métrage, (coproduction Tunisie-Suède), actuellement en phase post-production, dont la sortie est prévue l’an prochain.

Qu’espériez-vous montrer à travers l’histoire de Zaineb, qui est une histoire réelle et dont les protagonistes font partie de votre cercle familier…? A notre avis, ce n’est vraiment pas évident d’entrer avec sa caméra dans la vie intime des autres…

  • Zaineb, 9 ans, dont le père est décédé dans un accident de voiture, vit avec sa mère et son petit frère à Tunis. Sa mère s’apprête à refaire sa vie avec un homme qui vit au Canada. On a dit à Zaineb que là-bas, elle pourra enfin voir la neige, mais elle ne veut rien savoir. Le Canada la laisse indifférente, comme première impression, et puis elle n’aime pas la neige…
    Ce film est particulier, il est sur l’intime. Je me suis chargée aussi bien du tournage que du cadrage ; je ne pouvais pas ramener avec moi une équipe technique qui risquerait de mettre un désordre dans la fraicheur et la spontanéité des personnages qui font partie de mon entourage.
    Pour moi, Zaineb représente un âge où la personnalité se construit ; c’est une initiation à la vie car, en général, les enfants pré-adolescents portent un regard original sur la vie des adultes. Je trouve intéressant le fait de filmer du point de vue d’une enfant qui est d’une fraicheur inouïe et dont j’avais besoin pour mon film.

On y lit aussi en filigrane l’image d’un pays ouvert et engagé pour la diversité culturelle… on en sort, éblouis et fascinés.

  • En effet, je voulais montrer un bel exemple de la diversité culturelle et de l’immigration au Canada à travers le portrait d’une famille qui s’y installe, et cela met l’accent sur la capacité magnifique qu’a ce pays de pouvoir intégrer plusieurs cultures, mais aussi la capacité qu’ont les personnes, surtout Zaineb, de très vite intégrer les codes de la nouvelle vie, tout en adoptant l’accent québécois.

Comment les personnages ont-ils réagi après avoir vu le film ?

  • Pour eux, c’était émouvant, puisque le film présentait un condensé de leur vie durant six années d’existence.

Quelles seront les prochaines destinations pour le lancement du film ?

  • Après une première mondiale à Locarno (août 2016), et le FIFF de Namur, (octobre 2016), le film passera prochainement dans le cadre des Journées Cinématographiques de Carthage dans la compétition longs-métrages, ainsi que dans d’autres festivals en Europe et ailleurs. Il est distribué par Outlook Films.

Une idée sur votre prochain long métrage ?

  • Oui ! Il a été tourné le printemps dernier. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il a été inspiré d’un fait divers survenu récemment sous nos cieux ; l’histoire de la fille violée par des policiers. Le film se passe en une nuit, et se compose de dix plans séquences, avec dans les rôles principaux, Mariem Ferjani, Ghanem Zrelli, Chedly Arfaoui, Mohamed Akkari et Noomen Hamda.

Propos recueillis par : Sayda Ben Zineb

Source : http://www.letemps.com.tn/


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