MOHAMED CHALLOUF : VALORISER LE PATRIMOINE CINÉMATOGRAPHIQUE

Propos recueillis par Salem TRABELSI – La Presse de Tunisie — Ajouté le : 05-09-2016

Cinéaste, fondateur des Rencontres Cinématographiques de Hergla et président de l’association Afrique-Méditerranée, Mohamed Challouf nous a accordé cet entretien.

Votre actualité aujourd’hui est le «Cinéma au musée» que vous organisez avec le CNCI pour la deuxième année…

  • Cette manifestation en est en effet à sa deuxième session, qui est une tentative de donner à cette rencontre l’ampleur qu’elle mérite dans la ville de Sousse, car je pense que toutes les villes de Tunisie, du moins les grandes villes, doivent avoir une manifestation importante comme les JCC. Il ne faut pas continuer à tenir tous les ans des JCC, des JTC, des JMC dans la capitale et ne pas avoir d’autres manifestations ailleurs. «Cinéma au musée» est aussi une manifestation qui veut valoriser le patrimoine cinématographique tunisien et mondial, tout en cherchant des images inédites ou suivre le mouvement de restauration qui est en train de se faire dans plusieurs cinémathèques du monde.

Pourquoi le cinéma restauré ?

  • Parce que seuls les films les plus importants de l’histoire du cinéma sont destinés à la restauration, ce qui nous donne à l’arrivée un bon cru ! Notre manifestation veut reproposer au public et aux nouvelles générations ces chefs-d’œuvre. L’année dernière on a eu un public tunisien et étranger, mais aussi un mélange de générations. C’était une session qui a eu l’adhésion du public et ce qui nous a encouragés à faire la deuxième édition. Se trouver devant des images qui ont compté dans l’histoire du cinéma est très constructif pour les nouvelles générations. Cette dernière a découvert par exemple l’année dernière, que l’un des opérateurs des frères Lumières était tunisien et que l’un des premiers cinéastes ayant fait des fictions en Afrique et dans le monde arabe était également tunisien en l’occurrence, Samama Chikly. Il y a aussi des films documentaires comme celui en 1905 sur la pêche au thon d’El Haouaria. Cette année, on s’attend à un public plus nombreux et des projections pour les enfants.

Selon vous, pourquoi la Tunisie n’a pas encore sa cinémathèque?

  • Depuis des années, et c’était avec Sophie El Golli au début, la Tunisie tentait à avoir sa cinémathèque mais en vain… Cette malédiction qui nous empêche d’avoir une cinémathèque doit être vaincue. Un pays comme la Tunisie qui se vante d’avoir fait une révolution, qui a obtenu le prix Nobel de la Paix et qui a le plus ancien festival d’Afrique et du monde arabe, doit mettre les bouchées doubles pour avoir sa cinémathèque… C’est vraiment risible comme situation.

Parlez-nous de cette soirée que vous allez consacrer au 50e anniversaire des JCC à Sousse.

  • Cette année, l’Afrique et le monde arabe fêtent le cinquantième anniversaire de leur premier festival : les JCC. Dans une manifestation comme «Cinéma au musée» qui parle de mémoire et de patrimoine, cette soirée s’impose ! Le film que j’ai réalisé «Tahar Chériaâ, à l’ombre du Boabab» et qui n’est jamais passé à Sousse ouvrira cette soirée, puis on projettera le film «La Noire de…», premier Tanit d’or (1966) de ce festival et qui a été restauré par la cinémathèque de Bologne. Cet anniversaire sera aussi célébré à Tunis au mois d’octobre prochain…
    Cette année, puisque c’est le cinquantième anniversaire et que, modestement, je suis le seul à être en contact avec les pionniers de ce festival et comme je sais comment dénicher les films, j’ai proposé une journée de la mémoire des JCC, le 29 octobre, lors d’un colloque et des projections de films primés aux JCC et des films sur les pionniers des JCC, avec la collaboration de la fédération panafricaine des cinéastes. Rendre hommage à un grand homme de culture comme Tahar Chériaâ n’est pas un monopole des JCC.

Est-ce qu’il y a une date prévue pour les Rencontres Cinématographiques de Hergla cette année ?

  • La date prévue, c’est les vacances d’hiver en décembre prochain. Je ne pouvais pas m’occuper de la Journée de la mémoire pour les JCC et lancer le festival de Hergla en même temps… C’est pour cela qu’on a repoussé la date.

Vous comptez améliorer les conditions d’hébergement à Hergla ?

  • On a seulement 10.000 dinars pour héberger 70 personnes. C’est vrai qu’on n’a pas d’hôtels et qu’on loue des maisons et c’est ce que les gens critiquent, mais personne ne critique la programmation… On n’a que des films pour cinéphiles et des films d’éveil pour les nouvelles générations. Mais cette année, on va investir davantage dans les ateliers de formation pour les jeunes que dans les projections en plein air.

Auteur : Propos recueillis par Salem TRABELSI

Ajouté le : 05-09-2016

Source : http://www.lapresse.tn


 

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire