
Mona BEN GAMRA – Publié – Le Temps du 4 mars 2021
On ressort avec des images plein la tête, de la projection de ce film documentaire projeté mardi à la Cité de la Culture. «Om Layoun» ou «La Mère des sources», un film tendre et empathique, et pourtant sans compromis. On se souviendra longtemps de ce chef-d’œuvre qui montre, à qui veut bien le voir, que sur notre terre mère l’eau existe pour satisfaire les besoins de tous. Elle devient source tarie à partir du moment où on en fait usage comme d’un produit vulgaire que l’on vend et achète, pour devenir dès lors le privilège d’une minorité fortunée, au détriment des plus démunis qui sont obligés de quémander leur droit le plus absolu, le droit à la vie.
Le très beau film «Om Layoun» joue de cette ambivalence entre la beauté des paysages et la laideur des terres arides, parle de cette joie de retrouver l’eau et de la peine d’en être privé … «Om Layoun», qui peut être traduit par «La Mère des sources», renvoie à la tendresse de notre terre mère qui nous donne sans compter. Un film plein d’enseignements, avec assez d’arguments pour nous donner les moyens de nous battre contre les barons des ressources hydrauliques qui se cachent derrière des lois servant leurs intérêts, pour assouvir leur cupidité au détriment des pauvres et des moins nantis. Des pratiques qui rendent la vie plus difficile à ces femmes filmées faisant du chemin chaque jour pour s’approvisionner en eau avant de se retrouver refoulées.
«Om Layoun» ou «La Mère des Sources», c’est avant tout un projet participatif et citoyen qui n’aurait vu le jour sans la collecte de fonds auprès de volontaires qui croient en leurs rôles de citoyens pour faire bouger les choses.
Un projet financé par les citoyens pour les citoyens et qui sert surtout à éveiller les consciences endormies. «L’accès à l’eau est un droit humain fondamental, qui ne peut souffrir aucune condition ou limitation…» note-t-on. C’est aussi un droit fondamental que des pratiques douteuses et des décisions malencontreuses ont transformé en produit commercial que possèdent des investisseurs véreux. Insensée et aberrante encore est cette pratique qui fait que l’eau privatisée irrigue des déserts arides plantés en fruits et légumes et destinés à l’exportation.
Un gaspillage d’eau montré du doigt
«Arrêtez la folie d’irriguer le désert» note-t-on, en ajoutant : «Toute l’eau de la terre ne suffira jamais à faire fleurir tous les déserts du monde. L’eau disponible suffirait largement à couvrir l’ensemble des besoins humains et économiques, pourvu qu’on cesse de la considérer comme une marchandise objet d’accumulation, de privatisation et de commercialisation. Ainsi le film défendra l’idée que la rareté de l’eau, souvent avancée comme un argument de gouvernance néolibérale, est induite par le modèle économique dominant et non une donnée naturelle… La privation, la soif, la rareté, le manque… ne relèvent, en aucune manière, des faits du ciel mais de la volonté des «princes» qui sont les détenteurs des ressources hydrauliques et qui s’en servent comme moyen d’enrichissement ici ou comme outil de pouvoir là-bas».
Le débat sur l’eau est lancé et le peuple spolié a tout à fait le droit d’étancher sa soif de liberté.
M.B.G.
Source : Le Temps du 4 mars 2021
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