AVANT-PREMIÈRE DU FILM DOCUMENTAIRE «OM LAYOUN» DE HABIB AYEB : «NE TOUCHE PAS À MA SOURCE !»

Par Salem TRABELSI – La Presse de Tunisie – Publié le 20/02/2021

Qui a dit que l’eau était rare ? Est-ce une donnée naturelle ou un argument avancé par les gouvernements pour justifier un modèle économique dominant qui usurpe un droit humain et le commercialise ? Le nouveau documentaire de Habib Ayeb «Om Layoun» pose la problématique de l’or bleu et lance le débat.

Tourné dans plusieurs régions de Tunisie, le documentaire donne un visage à tous les maux subis par ceux qui se battent tous les jours pour avoir une gorgée d’eau qu’ils partageront avec leurs arbres. Un visage humain que l’on découvre… Des voix sincères, des réalités dures qui nous changent des sempiternels chiffres sur l’eau et du discours du modèle économique «extractiviste dominant», selon les termes de Habib Ayeb. Oui, on découvre, par exemple, que derrière le discours pompeux de la construction des barrages, il y a des gens qui ont été privés de leurs sources naturelles… Et pour cause ! Les barrages ont pompé toutes ces sources, privant les gens de leur droit le plus élémentaire qui est l’accès à l’eau. Un point de vue du réalisateur qui nous fait découvrir que l’accès à l’eau est aussi une question de dignité. Nous découvrirons également que la CPG, par exemple, utilise 600 fois plus d’eau que les habitants de Gafsa… Ce tour d’horizon est construit sur l’idée suivante, que le réalisateur met en avant : «L’eau est un bien commun à l’ensemble de l’humanité, dont l’accès, à hauteur des besoins, est un droit humain fondamental qui ne devrait souffrir aucune condition préalable».

Au fur et à mesure qu’on avance dans le film, Habib Ayeb confirme ce qu’il a écrit dans ses intentions, à savoir que «l’eau disponible suffirait largement à couvrir l’ensemble des besoins humains et économiques, pourvu qu’on cesse de la considérer comme une marchandise, objet d’accumulation, de privatisation et de commercialisation.

Ainsi, le film défendra l’idée que la rareté de l’eau, souvent avancée comme un argument de gouvernance néolibérale, est induite par le modèle économique dominant et non une donnée naturelle…».

Avec «Om Layoun», produit par Moncef Taleb (Inside Production), Habib Ayeb en est à son sixième documentaire après «Couscous : Les Graines de la Dignité» (2017), «Fellahine» (Paysans) (2014), «Gabès Labess» (2014), «Mirage vert» (2012) et «Sur les bords du Nil, l’eau en partage» (2003).

Technicien agricole, ingénieur hydrologue et sociogéographe spécialisé en thématiques rurales et environnementales, il déclare: «J’utilise l’image et la vidéo pour porter et défendre les causes auxquelles je crois. J’ai toujours été politiquement engagé pour la justice sociale, environnementale, climatique et économique. Parmi de nombreuses initiatives et actions, mon engagement politique a été à l’origine de la fondation en 2017, avec d’autres activistes, de l’Observatoire de la souveraineté alimentaire et de l’environnement (OSAE)».

Source : https://lapresse.tn/


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