DORA BOUCHOUCHA, DIRECTRICE DES JCC — ENTRETIEN

Propos recueillis par Hella Lahbib – La Presse de Tunisie.

Un signe avant-coureur

Dora Bouchoucha, ou la nouvelle directrice des JCC, dans leur 22° édition. Enseignante de littérature et d’histoire britannique à l’Institut des langues vivantes, puis par vocation, femme de cinéma. Avec de nombreuses casquettes — réalisatrice, directrice de production — elle est fondatrice de l’atelier «Sud écriture» pour le développement de l’écriture scénaristique.

Dora est aussi membre de jury de plusieurs festivals internationaux et conseillère pour la biennale de Venise. Productrice de films à succès, c’est une femme qui aime le cinéma et le pratique sous toutes les coutures, toujours derrière la caméra. Largement connue par la profession, elle s’apprête, avec cette nomination à la direction des prochains JCC, à être propulsée sous les feux de la rampe pour se faire connaître davantage du grand public, à son corps défendant, en femme discrète qu’elle est.

Les JCC, elle connaît bien, après avoir été bénévole dans les premières années de sa vie estudiantine. plus tard, Dora Bouchoucha est fondatrice du marché du film des JCC sur 6 éditions, pour venir dans quelques mois à la tête de cette institution du cinéma tunisien. C’est avec amabilité, donc, que la nouvelle directrice accepte de répondre à ces questions avant l’heure :

Vous êtes officiellement désignée directrice des JCC, vos premières impressions ?

  • Quand je revois mon parcours….J’avais dix-huit ans lorsque j’ai commencé à prendre part aux JCC en tant que bénévole. Étudiante à l’époque, je faisais les photocopies et servais le café. C’est un festival où j’ai appris à aimer le cinéma. Aujourd’hui, je ne peux m’empêcher d’être émue. Mais cela représente un challenge pour moi.

Pourquoi ?

  • Parce que c’est un grand festival qui a une identité propre, qui a eu ses moments de gloire, qui a déniché beaucoup de talents et de personnes créatives. C’est aussi un lieu de réflexion. Je voudrais, avec l’équipe que j’ai autour de moi, des hommes et des femmes d’expérience, renouer avec tout cela.

Les JCC participaient à la vie culturelle de la ville de Tunis, ça continue encore ?

  • Les JCC, un outil précieux destiné au public. Je ne vois jamais Tunis avec autant de cinéphiles circulant dans les rues de la ville. C’est pourquoi j’ai envie de faire honneur à ce public à travers cette édition qui se tiendra du 25 octobre au 1er novembre. Par ailleurs, aujourd’hui, il y a autant de festivals que de jours dans l’année. C’est à qui mieux mieux, rien que dans la région : le Caire, Marrakech, Dubaï. Pour cette édition, par exemple, nous avons dû changer les dates pour ne pas coïncider avec le festival du Caire. En tout état de cause, notre festival doit se démarquer.

Vous partez à Cannes, le public aura-t-il la chance de voir des productions présélectionnées, voire primées ?

  • Oui, on essayera. Mais cela a été toujours le cas de présenter de bons films dans les JCC : des présélectionnés des festivals de Cannes et d’ailleurs.
    Cela dit, dans cette profusion de productions, il faut garder son identité. Il faut aussi que le critère de la qualité soit honoré. Maintenant, je sélectionne pour d’autres festivals, notamment celui de Venise pour le film arabe et africain. Cela nous donnera peut-être une certaine longueur d’avance.

Sans révéler la programmation du festival, pouvez-vous nous mettre un peu au parfum ?

  • Il y aura des vedettes pour animer le festival, parallèlement, des tables rondes et des cours de cinéma. Sans oublier cette dimension glamour et paillettes, désormais présente à toutes les fêtes qui touchent le cinéma. C’est la tendance actuelle, on ne peut l’ignorer.

La présente édition des JCC serait-ce un bon dosage entre réflexion et paillettes ?

  • Oui, on peut dire. Par ailleurs, aujourd’hui on aime davantage les films de dérision, drôles, au détriment des films engagés et de réflexion. C’est peut-être à cause des problèmes qui sévissent à travers le monde, que les gens ont plus envie de voir des films positifs, plus constructifs. Autre élément dont il faudra tenir compte, l’économie de marché règne avec son diktat sur le cinéma. Il faudra tenir compte de tous ces éléments, sans perdre de vue le repère fondamental qu’est le respect de la ligne éditoriale des JCC.

Les films tunisiens auront-ils la primeur parce qu’ils sont Tunisiens ?

  • Oui, on reste proche de ce qui se fait dans le pays, de notre authenticité, de ce que nous aimons. Mais, c’est important, nous choisirons les films en notre âme et conscience.

Propos recueillis par Hella Lahbib

Source : http://www.lapresse.tn


 

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