BROTHERHOOD, PREMIER FILM TUNISIEN NOMMÉ AUX OSCARS

Par Karine G. Barzegar – 9 février 2020.

Pour la première fois, un film tunisien est nommé aux Oscars : «Brotherhood», de la réalisatrice Meryam Joobeur, concourt dans la catégorie «Meilleur court-métrage de fiction», face à quatre autres films. La cinéaste et son producteur, Habib Attia, se sont déplacés à Los Angeles pour assister à la 92° cérémonie des Oscars.

Il était quasi impossible à l’Académie des Oscars d’ignorer «Brotherhood» : ce film aurait pourtant pu passer inaperçu, se perdre dans la longue liste de milliers de courts-métrages présentés chaque année dans des festivals à travers le monde avant de tomber doucement dans l’oubli.

Seulement, dès sa sortie en 2018, ce court-métrage d’une vingtaine de minutes, réalisé par une jeune cinéaste canado-tunisienne, sort du lot : il multiplie les nominations, puis les prix, du Festival de Toronto à celui de Clermont-Ferrand, d’une nomination au prestigieux Festival Sundance jusqu’au Tanit d’or obtenu à la 29° édition des Journées Cinématographiques de Carthage. Plus de 150 nominations et 70 prix plus tard, vient une nouvelle consécration du 7° art, une nomination aux Oscars…

Meryam Joobeur, cinéaste canado-tunisienne

«C’est la première fois qu’un film tunisien est nommé aux Oscars, alors c’est un moment historique pour la Tunisie. Et j’ai l’impression que les choses changent, que le monde occidental a soif d’histoires qui se passent en dehors du monde occidental», a déclaré Meryam Joobeur à l’AFP lors de la présentation des films nommés aux Oscars, au siège de l’Académie le mercredi 5 février 2020.

Après la Tunisie, puis les États-Unis, Meryam Joobeur vit actuellement à Montréal au Québec. La jeune cinéaste a signé plusieurs autres courts-métrages, dont «Gods, Weeds and Revolutions» en 2012 et «Born in the Maelstrom» en 2017.

Avec «Brotherhood», elle s’intéresse à un phénomène qui touche particulièrement la Tunisie : le retour des djihadistes de Syrie et d’Irak dans leur pays d’origine et dans leur famille…

Une approche documentaire de la fiction…

Produit par la Tunisie, le Canada, le Qatar et la Suède, «Brotherhood» raconte comment le quotidien d’une famille de bergers tunisiens est bouleversé lorsque le fils aîné, parti faire le djihad, revient de Syrie avec sa mystérieuse épouse…

«Brotherhood» ose aborder le retour au pays des djihadistes, un thème ultra sensible et encore peu traité au cinéma, surtout dans les pays occidentaux, ce qui lui permet aussi d’explorer les liens filiaux et fraternels au sein d’une famille rurale tunisienne. Pour son producteur Habib Attia, l’une des forces du film tient aussi à son casting: aux côtés de Mohamed Houcine Graya et de Salha Nasraoui, trois acteurs inconnus incarnent la fratrie : trois jeunes qui sont également des frères dans la vraie vie…

«Elle les a choisis dans leur environnement naturel, dans le nord de la Tunisie. C’est la première fois qu’ils participent à un film, qu’ils jouent devant une caméra», a-t-il confié. «C’est un vrai défi d’arriver à ce résultat et le fait que les trois protagonistes, que les enfants soient du milieu naturel, a accentué la véracité du propos et fait que le film est encore plus poignant».

Un tremplin vers un long-métrage ?

Quel que soit le palmarès de la cérémonie des Oscars, le succès de «Brotherhood» a  dans tous les cas permis à Meryam Joobeur de faire connaître son oeuvre et de poursuivre son travail en vue d’un futur long-métrage.

«Brotherhood» sort en salles en Tunisie ce lundi 10 février, en avant-programme du film, «Un fils» de Mehdi Barsaoui, autre film tunisien très remarqué cette année et sélectionné au Festival de Venise 2019.

Karine G. Barzegar

Source : https://information.tv5monde.com/


 

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