WINOU BABA ? DE JILANI SAADI : AU NOM DU PÈRE, LE BONHEUR SERA-T-IL ATTEINT ?

Publié le 17.01.2012

Avec son troisième long-métrage de fiction : «Winou baba ?», sorti cette semaine sur nos écrans dans trois salles à Tunis et banlieues, le réalisateur tunisien Jilani Sâadi persiste et signe avec cette comédie dramatique dans le genre social, où les marginaux trouvent leur compte.

L’image du père disparu est omniprésente dans ce film. Elle aura un peu trop influencé le héros, Halim,  célibataire endurci, loufoque et à l’humour froid qui aime un peu trop également écouter et à longueur de journée, le chanteur égyptien disparu Abdelhalim Hafedh. Un régal pour les fans du «rossignol brun». Halim, pas Hafedh, devenu l’esclave de ce père qu’il aime le plus, apportera toujours avec lui la photo de ce dernier, allant jusqu’à croire que son père lui parle du fond de sa tombe. Un dialogue fou, où l’on reconnait la voix de l’acteur Mohamed Hassine Grayâa, celui-là même qui avait joué dans : «Khorma» le premier long-métrage de Jilani Sâadi, le rôle du colporteur de nouvelles et du prieur sur les morts. L’histoire se prolonge-t-elle autrement ? Ou continue-t-elle de plus belle ? Vivant comme dans un autre monde, Halim rejoindra un cercle de marginaux, après avoir raté, bêtement, sa nuit de noces. Sa future femme, beaucoup moins âgée que lui, subira le même sort dans des situations qui mettent en évidence un père autoritaire et coléreux. Elle ne tardera pas, d’ailleurs, à faire partie de ce groupe sympathique d’amis inséparables et fidèles. Mais les choses vont mal tourner et devenir dramatiques. Nous restons sur notre faim, à la fin du film. Le réalisateur donne-t-il libre cours à notre imagination ? Car ce n’est point là de l’invraisemblable, ni même du réel. Les vérités dérangent et tournent à la dérision. Le discours est parfois cru; réalisme et hyper-réalisme obligent. Même dans leur folie, leur vie marginale, les héros restent fatigués. Il leur manquera toujours quelque chose qu’ils n’atteindront peut-être jamais. C’est comme dirait Jacques Brel : « le boulanger qui va vous écrire son recueil poétique dans les jours qui viennent ! Et peut-être demain !

Autant que le film est comique à souhait, autant il met à nu des situations invivables, que des personnages communs et issus du bon peuple tendent à surmonter. Une bataille contre la malchance et les malentendus. La caméra se rapproche de ces êtres heureux et malheureux. La caméra portée est ainsi indispensable. Les plans fixes et rapprochés insistent sur la lourdeur de ce qui s’abat et habite les personnages en quête de bonheur. Ils semblent fuir leur situation désastreuse, mais cette dernière leur colle à la peau, car ne voulant point les quitter.

B.L.

Source : http://www.jetsetmagazine.net/


 

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire