JCC 2019 — L’HOMMAGE À NÉJIB AYED

Rares sont les cérémonies où se mêlent avec autant de force la douleur de la perte à la douceur du souvenir. Mais c‘est ainsi que s’est déroulée la cérémonie officielle d’hommage à feu Néjib Ayed organisée ce matin, dimanche 27 octobre dans la salle Omar Khelifi à la Cité de la Culture à Tunis.

En présence du Ministre des Affaires culturelles, Mr. Mohamed Zinelabidine, de la famille de feu Néjib Ayed, de ses amis, collaborateurs, ainsi que de nombreux artistes, cinéastes et journalistes, les intervenants ont tour à tour pris la parole pour rendre hommage à l’homme, à l’intellectuel engagé, au père, et au compagnon qu’il a été. Parmi les présents, le réalisateur Férid Boughedir, la comédienne Leila Toubel, le comédien Ali Bennour et le réalisateur Hamadi Arafa.

Le premier hommage fut musical, avec un morceau composé en mémoire de feu Néjib Ayed par son ami de longue date, le soliste belge « Christian Lacroix ». Tandis qu’au piano s’écoulait la musique « d’une promenade avec un ami », les photos de feu Néjib Ayed défilaient sur l’écran géant de la salle Omar Khelifi.

Pour présenter cette cérémonie d’hommage, Raja Farhat a commencé par rappeler l’empreinte de Néjib Ayed et son action depuis les années 70 en faveur des ciné-clubs. Le défunt militait pour implanter ses espaces de liberté et de réflexion partout en Tunisie et particulièrement dans les régions les plus défavorisées. “À une époque où les opinions et les gestes étaient surveillés, Néjib Ayed militait pour que vivent ces temples de la pensée libre et progressiste” déclare Raja Farhat, avant de céder la place aux différents témoignages en hommage à Nejib Ayed.

La première à prendre la parole a été Fatma Mansour, amie proche de la famille et qui a dédié un poème d’éloge funèbre à son ami disparu.

Feryel Kallela, scénariste tunisienne, venue du Canada spécialement pour rendre hommage au maître et guide dans la vie comme au cinéma, qui l’a toujours encouragée et cru en elle depuis ses débuts, comme il l’avait fait avec beaucoup de jeunes talents.
“J’admirais son élégance, je collais à son ombre et le suivais partout. Je voulais tout apprendre de lui” : avec ces mots émus, Mohamed Amine Boukhriss a exprimé la douleur d’avoir perdu un ami et un mentor. Il a évoqué la foi qu’avait Néjib Ayed dans les jeunes talents et sa capacité de les découvrir. Néjib Ayed lui a notamment permis de réaliser War Reporter (2013), une aventure cinématographique que le producteur a soutenu et produit malgré la prise de risque.

Le producteur tunisien Habib Attia, fils de feu Baha Eddine Attia, très ému, a pour sa part déclaré: « en le perdant, j’ai perdu mon père une deuxième fois ». Feu Baha Eddine Attia, producteur tunisien et ami de Néjib Attia, est décédé quelques années auparavant.
Le réalisateur Hamadi Arafa a relaté le parcours commun qu’il a eu avec feu Néjib Ayed. Tous deux ont réalisé et produit de nombreuses fictions et feuilletons pour la télévision nationale tunisienne, comme “Al DouarEl Nass Hekaya” et “Warda”. Il a évoqué les qualités humaines et professionnelles de Néjib Ayed, son respect pour ses équipes, ses collaborateurs, sa ponctualité et son sérieux…

Madame Chiraz Latiri a exprimé sa profonde tristesse de perdre un ami proche, en plus de l’homme de culture et de cinéma avec qui elle a travaillé et collaboré durant des années. Le ministre des Affaires culturelles a pris la parole pour évoquer l’empreinte qu’a laissé Néjib Ayed dans la vie culturelle nationale, et le vide laissé par son départ, en incitant les artistes et les cinéastes à poursuivre l’action impulsée par feu Néjib Ayed.

Les interventions ont été entrecoupées d’intermèdes musicaux, avec un récital de Zohra Lajnef, alors que sur les écrans défilaient en photos des fragments de vie de Néjib Ayed.

“J’ai perdu mon père, mon père est mort”, ce sont les mots émus et bouleversants d’Ahmed Ayed, inconsolable, qui a parlé avec sobriété et tristesse de ses souvenirs d’enfance et de jeune homme avec son père et de la relation exceptionnelle qu’ils avaient.
Leila Toubel, amie du défunt, a dédié un poème récité en français en hommage à sa mémoire.
Najet Nabli, veuve de Néjib Ayed, a parlé avec émotion de ce que représentait pour elle l’homme et le compagnon, ainsi que de sa vie d’artiste militant pour la culture. Elle a annoncé la création de la fondation Néjib Ayed pour la culture et le cinéma dédiée à soutenir les jeunes talents dans la réalisation de leurs rêves et projets.

Tout dans cette 30ème édition des Journées Cinématographique de Carthage JCC 2019 (Session Néjib Ayed) rappelle son départ ; sa présence absence bienveillante et son souvenir éclairent ses journées. L’adieu à si Néjib fut beau, mélodieux et émouvant comme l’a été sa vie.


 

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