JCC 2019 — SECTIONS PARALLÈLES / FOCUS – NIGÉRIA-CHILI-JAPON-LIBAN

Communiqué — Dans un élan de renforcement des piliers par la promotion d’un «cinéma du sud» et pour asseoir son tropisme  tricontinental (Afrique , Asie et Amérique latine), la section «FOCUS», instaurée en 2017, met en lumière quatre pays représentant l’Afrique subsaharienne, le monde arabe, l’Asie et l’Amérique latine. À travers une sélection de films pour chaque pays, «Focus» permet de retracer une histoire du cinéma et de mettre les bases d’une cinéphilie éclairée, ouverte et engagée. Feu Néjib Ayed, qui  a préparé cette 30ème édition, donnait une grande place au Focus en tant que lieu  de découverte des cinémas du sud, de leur évolution et de leurs engagements. Cette spécialisation géographique, pionnière au moment de la création du Festival en 1966, distingue sans la résumer l’identité des JCC : un Festival engagé pour le cinéma du sud, militant pour les grandes causes, et un forum d’ouverture de  passion et de découverte des cinémas du monde. Après l’Afrique du Sud, l’Algérie,la Corée du sud et l’Argentine en 2017, l’Irak, l’Inde, le Brésil et la Corée du sud en 2018, ce sont le Japon, le Liban, le Nigeria et le Chili qui seront à l’honneur pour les JCC 2019 (Session Nejib Ayed).

Focus Liban.

Le Liban, en pleine mouvance d’espoir et de changement, est parmi les focus des JCC  2019 session Nejib Ayed, avec 16 films de différentes époques qui retracent l’évolution du pays du cèdre et du cinéma. En effet, l’histoire du septième art au Liban est d’un côté celle d’une industrie prospère et prometteuse, mais également celle d’un peuple qui a connu le déchirement, le traumatisme et qui ne cesse d’essayer de se construire. Au moment de ses débuts  dans les années 40, le cinéma libanais a oscillé entre une compétition avec le géant cinématographique qu’était l’Égypte et l’adoption des recettes de réussite du cinéma égyptien; mais peu à peu le Liban s’est distingué. Un langage cinématographique propre est né de l’histoire mouvementée du Liban et de son multiculturalisme et de son ouverture sur le monde. Les années 70 ont été marquées par une double tendance : un cinéma commercial mais de qualité comme les trois films écrits par les frères Rahbani : Le vendeur de bagues de Youssef Chahine (1965), Safar Barlekt (1967) et La Fille du gardien (1968) de Henry Barake avec la grande Fairuz. Et un cinéma «engagé», particulièrement pour la cause palestinienne, comme Beyrouth oh ! Beyrouth  en 1975 de Marouan Baghdadi, Kafr Kassem de Bourhan Alaouié ou Le Liban dans la tourmente (1974) de Jocelyne Saab.

La guerre a déchiré le Liban. De cette époque, à travers le documentaire  essentiellement, les cinéastes ont essayé de livrer un vécu parfois à la frontière de l’irréel, d’une guerre intestine et déchirante. Au sortir de la guerre un nouveau cinéma libanais verra le jour avec des cinéastes qui ont connu la guerre et l’exil. Samir Habachi, réalisateur de Le Tourbillon (1992). Ghassan Salhab, Ziad Doueiri, Danielle Arbid, puis Nadine Labaki, ont fait évoluer le cinéma libanais, le portant dans les plus grands festivals et dans les palmarès les plus prestigieux de Cannes à Venise ou Locarno. Le focus Liban des JCC 2019 session Nejib Ayed porte sur 16 films ,dont West Beyrouth-l’abri des enfants! de  Ziad Doueiri 1998, Caramel de  Nadine Labaki, Good Morning de Bahij Hojeij (2018). Il était une fois Beyrouth, histoire d’une star de Jocelyne Saab, Kafr Kassem de Borhane Alaouié (1975), Little Wars de  Marouan Baghdadi (1982) Mabrouk de Cynthia Sawma (2015), Terra Incognita de Ghassan Salhab(2002) et Waves 98 de Ely Dagher (2015), qui a remporté  la Palme d’Or du court-métrage au Festival de Cannes 2015.

L’ouverture de cette semaine de «Focus»  se fera avec le film «1982» de Walid Mouannes. Récit d’enfance de l’invasion du Liban par Israël un jour de juin 1982, on y retrouve notamment la réalisatrice Nadine Labaki dans le premier rôle féminin. 1982 de Walid Mouaness a récemment été sélectionné pour représenter le Liban aux Oscars dans la catégorie «Meilleur long-métrage international». Cette projection sera précédée d’une exposition de la collection phénoménale de photographies des grands classiques du cinéma arabe de Aboud Abou Jawda. Artiste, cinéphile et collectionneur, sa collection est considérée comme un «Musée de l’âge d’or du cinéma arabe», commencée en 1965 et qui comptant près de 20 000 posters et photographies de stars du cinéma arabe.

Focus Nigéria.

Le Focus africain met la lumière sur un cinéma en pleine effervescence, Nollywood. Tout comme  ses homologues américains et indiens, Nollywood est en train de devenir une vraie industrie cinématographique, une machine à films, qui produit environ 2 000 longs-métrages par an et qui se classe second, après Bollywood, au niveau de la quantité de films produits par an, devançant ainsi Hollywood. Le Nigeria  est désormais le plus grand marché de cinéma africain et si la vidéo-amateur en était à l’origine, une nouvelle ère s’ouvre, où New Nollywood s’affirme, gagne en qualité et porte haut les causes du Nigeria, mais également celles du continent. Un cinéma jeune, populaire, avec peu de moyens, mais dont le spectre s’élargit et que l’on retrouve dans les plus grands festivals, de Tribeca à Sundance ou à Toronto…

Lors de ce focus Nigeria des JCC 2019 (Session Néjib Ayed) le public pourra découvrir neuf films, entre les classiques Nollywoodiens et les productions les plus récentes. Parmi les plus connus  Ezra de Newton I. Aduaka, qui a reçu L’Étalon d’or de Yennenga (Grand prix) au FESPACO 2007 et qui a fait partie du Jury Takmil des JCC 2014, Green White Green de Abba Makama (2016) et Octobre 1, de  Kunle Afolayan, sorti en 2014, et qui a reçu le prix du meilleur film nigérian aux Africans Movie Académie Awards 2015. Le jeune réalisateur est C. J. Obasi qui sera présent aux JCC 2019 (Session Néjib Ayed) est l’un des réalisateurs les plus connus de la vague hollywoodienne. Le public tunisien pourra découvrir parmi ce focus deux de ses films : Hello rain (2018) et Ojuju (2014) qui a remporté le prix du «Meilleur film nigérian» en 2014  le prix du pionnier de l’année en 2015, aux Africa Choice viewers «Choice Awards» (AMVCA).

Autre film incontournable de cette sélection, au cœur de l’actualité régionale, est The Delivery boy d’Adekunle Adejuyigbe (2018) qui parle des fléaux que sont le terrorisme et la radicalisation, des moyens de résister et du devoir désobéissance. Un sujet grave traité avec sensibilité et grande justesse.

Un des temps forts de ce focus sera certainement la projection en première mondiale du film Òlòtūré de Kenneth Gyang (2019), en présence de l’équipe du film.Ce film traite d’une actualité poignante et se déroule dans un Lagos impitoyable, entre traite des êtres humains, prostitution et quête de vérité… Kenneth Gyang est un des réalisateurs incontournables de Nollywood. En 2013 son film Confusion Na Wa a reçu l’Africa Movie Academy Awards du meilleur film et le meilleur scénario et réalisateur de l’année au Best of Nollywood Awards 2013.

L’ouverture du Focus Nigéria aura lieu avec la projection du film Mokalik (Mechanic) (2019), du réalisateur Kunle Afolayan (2019)

Focus Chili.

Avec bien plus d’un siècle de production cinématographique, le Chili est une des plus grandes patries du cinéma d’Amérique latine. Le cinéma chilien a porté haut la voix toutes les luttes du peuple chilien pour son indépendance, la résistance à la dictature, et la reconstruction d’un pays traumatisé. Son évolution esthétique donne à voir aujourd’hui un cinéma d’une grande créativité et une production importante en qualité et en quantité. Sous la dictature, ce cinéma était l’outil de résistance des artistes, en exil ou au cœur du Chili. Depuis les années 1990, le pays, en pleine mutation après des années d’oppression, aura livré des chefs-d’œuvre de cinéma, présent dans les palmarès les plus prestigieux. C’est cette évolution d’un art de la lutte à un  cinéma du renouveau que le Focus Chili des JCC 2019 (Session Néjib Ayed) a décidé de mettre en lumière, traitant autant de fracture sociale que d’identité, mais également de poésie et d’art, de philosophie… et même de la Tunisie. En effet, parmi les 8 films chiliens choisis, on retrouve Miroirs de Tunis (1993), un film de Raul Ruiz, écrit par le regretté grand philosophe et poète tunisien, et qui retrace l’amitié entre ces deux grands artistes à travers une balade onirique dans le vieux Tunis de Abdel Wahab el Meddeb et les similitudes entre leurs deux cultures, avec la latinité tunisienne et l’arabité hispanique, toutes deux enfouies dans les cœurs des deux artistes. Autre style et autres époque, El Mocito de Marcella Saïd (2011) est  un documentaire poignant qui parle des tortionnaires employés par la dictature militaire de Pinochet dans les années 70, entre devoirs de mémoire, de justice de revanche des victimes ou de pardon. Ce documentaire a reçu le prix VIKTOR DOK horizon au Festival International du Film Documentaire à Munich en 2011. Dans cette sélection, on retrouve également le film Dawso Isla(2009) du réalisateur chilien d’origine palestinienne Miguel Littin, Neruda de Pablo Larrain, Nostalgie de la lumière de Patricio Guzman(2010) et Poesia sin fin de Alejandro Jodorowsky (2016).

L’ouverture du Focus chilien aura lieu le 27 octobre 2019 à 20:30 à l’Africa, au cinéma l’Africa, avec le film Cabros de mierda, de Gonzalo Justiniano, en présence du réalisateur. Ce film dépeint un quartier pauvre de Santiago du Chili en 1983, à travers une histoire où la tragédie quotidienne de la répression côtoie les petits bonheurs de la vie. Une histoire qui ressemble au cinéma de  de Justiniano vivant au plus prés des êtres et des lieux qu’il aime. Cabros de mierda (2018) est le dixième long-métrage du réalisateur chilien.

Focus Japon.

Le Japon est une des grandes références du septième art. Et s’il arrive en troisième position de point de vue du nombre de films produits par an, après l’Inde et la Chine, le cinéma nippon est de loin celui qui est le plus récompensé. Clairement distinct, malgré la richesse et la diversité esthétique, c’est un cinéma plein de vitalité et de ressources, à l’image de l’archipel asiatique. Pour appréhender ce focus Japon des JCC 2019, la sélection a été chronologique, essayant de retracer l’histoire de cinéma «à part», à la fois poétique, social, engagé et profond. De son âge d’or des années 1950 où les traditions théâtrales et poétiques étaient prédominantes, aux films japonais les plus récents, plus urbains et où la recherche identitaire esthétique et sociale prédomine. Ainsi, on retrouve le chef-d’œuvre absolu d’Akira Kurosawa, Les Sept Samouraïs (1954), qui est sans doute le plus connu des films nippons au monde (Lion d’argent à la Mostra de Venise en 1954), ainsi que Les Contes de la lune vague après la pluie, Ugetsu Monogatari, (1953) de Kenji Mizoguchi (Lion d’argent à la Mostra de Venise en 1953). Ce film est connu comme un des «meilleurs films au monde» et reste, presque 70 ans après sa sortie, un chef-d’œuvre fascinant de beauté et de profondeur. On trouve également dans ce focus des films du Japon d’aujourd’hui, plus concret mais non moins poétique, comme  Tenzo de Katsuya Tomita (2019), qui dépeint une réalité sociale faite de crise identitaire, sociale et spirituelle. Katsuya Tomita, ancien chauffeur routier taxiste et ouvrier devenu cinéaste, ne cesse d’explorer les marges d’une société japonaise  en crise avec une mélancolie puissante et bouleversante. Son film Tenzo a été sélectionné et projeté en séance spéciale lors de la 58e Semaine de la Critique Cannes 2019.

On trouve également parmi cette sélection le  film A Girl missing (L’infirmière) (2019) de Koji Fukada, présent parmi le grand Jury des JCC 2019 (Session Nejib Ayed). D’autres films d’un Japon foisonnant de questionnement sont parmi cette sélection de Focus Japon comme «The Kamagasaki Cauldron War» de  Leo Sato (2018), jeune cinéaste indépendant qui, formé à l’école du documentaire, livre un film poignant et bouleversant sur les bidonvilles d’Osaka, loin de l’image nippone idyllique. Shashin Koshien, un été de 0.5 seconde d’Hiroshi Sugawara fait également partie de cette sélection de huit chefs d’œuvre du cinéma nippon à découvrir.


 

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