HICHEM ROSTOM, HOMME DE THÉÂTRE

Par Narjes – Tuniscope – le 15/09/2009

Hichem Rostom est un homme de théâtre et une figure incontournable du petit et du grand écran tunisiens. Dans chaque rôle qu’il interprète, il nous charme avec son jeu et nous séduit avec son charisme. À l’occasion de sa présence dans les feuilletons ramadanesques «Njoum Ellil», dans le rôle de Chafik, et «Akfass Bila Touyour», dans le rôle de Si Rchid, nous l’avons sollicité pour un retour sur ces œuvres et sur sa carrière en général. Plus, il nous parle de sa vision de l’art et de l’artiste. Interview :

Quelles sont les grandes étapes de votre carrière ?

La première grande étape de ma carrière était mon expérience d’acteur au sein du théâtre scolaire et universitaire. Mes débuts avec le grand Ali Ben Ayed sont pour moi les plus marquants. C’est d’ailleurs en suivant ses conseils que je suis parti, à la déception de mon père, faire des études de théâtre et de lettres en France. J’ai tenu à allier les deux parce que la culture est chose nécessaire à la personnalité du comédien. Je suis resté en France où j’ai joué dans plus de 60 pièces, pour la plupart des classiques. Le deuxième grand volet de ma carrière est survenue à mes 40 ans. C’est mon retour en Tunisie pour ma première expérience cinématographique locale, «Les sabots en or» de Nouri Bouzid. Plus tard, j’ai joué pour la première fois dans un feuilleton tunisien «Ennes Hkeya».

Quelles sont vos références en matière de théâtre ?

Je suis un inguérissable Camusien. J’ai joué toutes ses œuvres et j’ai fait le tour des universités tunisiennes pour en parler. Je suis également un adepte des illustrations des écrits de Beckett dans le théâtre de l’absurde. En ce qui concerne la mise en scène, j’aime le polonais Kantor. La plus grande école de théâtre reste, pour moi, le théâtre classique.

Où trouvez vous plus la reconnaissance de votre travail et de votre talent, en Tunisie ou à l’étranger ?

La reconnaissance, je la trouve autant en Tunisie qu’a l’étranger. Mais, ce n’est de cela qu’il s’agit. C’est plutôt le type de reconnaissance qui diffère ici et là. À l’étranger, c’est « la prime à la valeur », on sait bien apprécier et respecter le travail fourni par un acteur ou un metteur en scène. Aujourd’hui encore, je touche les royalties de la rediffusion de travaux dans lesquels j’ai participé il y a longtemps de ça. Ce n’est pas forcément le cas en Tunisie, quoique je bénéficie d’une bonne situation dans le milieu.

Cela nous mène à vous questionner quant à la situation de l’acteur en Tunisie ?

C’est une situation bâtarde dans laquelle le comédien tunisien est obligé de vivre. La télévision et le cinéma sont des industries et le théâtre est un artisanat. Le comédien en Tunisie est exploité dans l’industrie, mais il travaille comme un artisan sans gagner sa vie correctement. C’est-à-dire que ses droits ne sont pas reconnus comme il le faudrait par les producteurs et le ministère de la Culture. En fin de compte, sa situation est à l’image de celle de l’audiovisuel en Tunisie.

Et la situation de l’audiovisuel en Tunisie, comment vous la trouvez ?

Je ne serai pas aussi pessimiste que ceux qui disent que le cinéma tunisien est mort. Je dirai plutôt qu’il est dans une impasse. En l’absence d’une industrie du cinéma, on ne peut pas parler de cinéma tunisien mais plutôt de films tunisiens. Il faut créer un Centre national de la cinématographie et veiller à ce qu’il soit indépendant. La télévision, par contre, commence à s’en sortir avec le nombre de chaînes privées qui augmente. Cela ouvre les portes vers de nouvelles perspectives et de nouvelles expériences plus osées. Il faut tout de même ne pas oublier que la télévision vise le grand public et qu’il faut être prudent avec son contenu. Je parle des interdits aux – de 12 et de 18 ans que l’on a vu à ramadan cette année.

Narjes – le 15/09/2009

Source : www.tuniscope.com


 

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